Cancer du sein : des chances de guérison accrues

Première tumeur maligne de la femme, le cancer du sein fait encore peur. Des études récentes viennent cependant de rapporter des résultats très encourageants, qui laissent penser qu’un nombre croissant de ces tumeurs pourraient être guéries dans l’avenir.

Certains de ces progrès sont à mettre au crédit des traitements anti-hormonaux, que l’on donne après la chirurgie et en complément de la radiothérapie et, parfois, de la chimiothérapie dans les cancers du sein dotés de récepteurs aux estrogènes. On savait depuis quelques années qu’une nouvelle classe de médicaments qui bloquent la production des estrogènes dans l’organisme, les anti-aromatases, est plus efficace que le tamoxifène pour prévenir les rechutes. Mais, les progrès se sont récemment accélérés, comme en témoignent plusieurs travaux de recherches présentés au 28e Congrès de Cancérologie de San Antonio, consacré au cancer du sein en décembre dernier.

Moins de récidives

Cancer seinLes dernières avancées concernent un anti-aromatase, le Femara (létrozole), qui était jusqu’ici prescrit chez les femmes à risque, après l’administration de tamoxifène. De nouvelles analyses ont permis de mettre en évidence des résultats spectaculaires sur le taux de récidives, et même sur la survie, chez des femmes ayant déjà reçu 5 ans de tamoxifène : on observe ainsi chez ces patientes une diminution de 69 % du risque de récidives et de 72 % du risque de métastases et une diminution de 47% du risque de décès par rapport à celles ayant reçu un placebo. Fait particulièrement intéressant, cet effet protecteur du Femara a été observé chez des femmes, qui ne recevaient plus de traitement anti-hormonal depuis plusieurs années après la fin du traitement par tamoxifène. L’intérêt du Femara dans la prise en charge du cancer du sein a d’ailleurs été reconnu par les autorités de santé américaines et cet anti-aromatase peut, depuis janvier 2006, être proposé en première intention aux Etats-Unis à la place du tamoxifène.

Toutes ces données pourraient bouleverser les modalités d’administration des thérapeutiques anti-estrogènes dans les années à venir.

Le traitement adjuvant se modifie avec les taxanes et l’Herceptin

Les autres traitements du cancer du sein ne sont pas en reste. Ces dernières années, il a été prouvé qu’une chimiothérapie à base de Taxotère (docétaxel), un agent anticancéreux de la nouvelle classe des taxanes, est plus efficace qu’une chimiothérapie classique à base d’antracyclines pour prévenir les rechutes. On sait aussi que chez 20 à 25 % des femmes chez lesquelles la tumeur possède des caractéristiques génétiques particulières, l’utilisation d’Herceptin (trastuzumab), peut ralentir considérablement la croissance tumorale et transformer le pronostic des cancers déjà évolués. Or, des données détaillées lors du 28e Symposium international de San Antonio, laissent penser que l’association d’une chimiothérapie à base de Taxotère et d’Herceptin prolonge significativement la survie, sans majoration importante de la toxicité du traitement.

La gamme thérapeutique devrait s’élargir avec des médicaments anti-angiogéniques

Une autre approche thérapeutique repose sur l’utilisation de médicaments anti-angiogéniques comme l’Avastin (bévacizumab), qui entravent la vascularisation de la tumeur. Certains travaux récents sont encourageants, car ils révèlent que ce médicament peut renforcer les effets de la chimiothérapie dans des tumeurs ayant déjà diffusé dans l’organisme.

Autre perspective, la mise à disposition dans les années qui viennent d’autres agents anticancéreux proches de la famille des taxanes, les taxoïdes.

Vers une personnalisation du traitement anticancéreux

Un autre espoir des cancérologues est de parvenir à personnaliser le traitement antitumoral, grâce à l'utilisation de "puces à ADN", qui analysent en peu de temps de nombreux gènes et fournissent ainsi un profil des spécificités génétiques de chaque tumeur, car aucun cancer du sein n'est véritablement en tous points comparables à un autre. Grâce à ce nouvel outil génétique, il devrait être possible de mieux comprendre pourquoi les femmes répondent plus ou moins bien aux différents traitements (chimiothérapie, hormonothérapie.). La pratique de ce type de test pourrait conduire à proposer des traitements "à la carte", adaptés à chaque patiente.

Rappelons que le cancer du sein est responsable de plus de 11 000 morts chaque année. Aujourd’hui, le diagnostic précoce est la meilleure arme pour lutter contre cette maladie, bénéficier d’un traitement plus léger et plus efficace. L’intérêt du dépistage n’est plus à démontrer, alors n’oubliez pas votre mammographie.

Dr Corinne Tutin

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