Cancers du sein, l’espoir de nouveaux traitements 2010

Dr Fabrice André. Le traitement dépend de l’agressivité des cellules malignes, de l’étendue des métastases, de leur localisation et de la sensibilité attendue à la thérapie. Je vous cite trois exemples. 1. Pour les patientes ménopausées atteintes d’un cancer peu agressif avec une localisation métastatique bien limitée et dont la tumeur s’est révélée réceptive aux anti-hormones, l’hormonothérapie est très efficace. 2. Dans les cas de cancer porteur de HER2 (protéine spécifique rendant le cancer plus agressif), le nombre de métastases importe peu dans l’établissement du protocole, compte tenu de l’efficacité importante du traitement ciblé par herceptine ou lapatinib. 3. Pour les femmes non ménopausées atteintes d’un cancer très agressif avec plusieurs métastases, on prescrit une chimiothérapie, aujourd’hui associée à une drogue qui empêche la formation de nouveaux vaisseaux nourriciers de la tumeur. La chirurgie est envisagée dans les cas de petites métastases situées dans une zone opérable chez des patientes sensibles au traitement médical.

Quel est le protocole de votre étude avec un nouveau traitement “à la carte” ?
Tout d’abord, il me faut déjà expliquer la complexité d’une tumeur. Une cellule cancéreuse se multiplie continuellement. Ce dysfonctionnement est dû à des protéines devenues dangereusement activées, “fabriquées” (codées) par des gènes qui, quand ils sont anormaux, codent ces protéines. On cherche donc à mettre au point des drogues ciblées qui agissent directement sur les protéines “malades”. Le problème est que chaque tumeur est différente ; de ce fait, il faut, chez chaque patiente, trouver, au moyen d’une analyse génétique, le ou les gènes responsables.

De quels outils disposez-vous pour analyser une tumeur ?
Pour obtenir la cartographie du génome d’une tumeur, nous utilisons une technologie GGH et une autre de séquençage qui mettent en évidence les gènes anormaux. Il s’agit d’un procédé tout nouveau à l’Institut Gustave-Roussy, consistant à prélever l’ADN de la tumeur et à en analyser les gènes. La grande avancée est que cette analyse dite “pangénomique” est passée du pur domaine de la recherche fondamentale à celui de la recherche clinique chez la femme. Notre première étude conduite sur 400 patientes constitue donc une étape importante en cancérologie.

Une fois le gène anormal identifié, que proposez-vous à la malade ?
A partir de ce gène, nous allons pouvoir identifier la protéine activée qu’il code et prescrire un traitement ciblé spécifiquement sur elle.

Il y a donc déjà des médicaments “prêts à l’emploi” contre différentes protéines devenues anormales ?
Ils sont encore en phase I et II d’essais thérapeutiques. Il s’agit soit d’anticorps, soit de produits mis au point par informatique et dirigés contre des protéines déjà connues par des travaux de recherche fondamentale. Plus d’une centaine de médicaments anticancéreux sont actuellement en cours d’évaluation.

Quels sont vos premiers résultats ?
Dans cet essai clinique comportant 400 malades en situation de rechute et résistantes à tout traitement, on a déjà pu, chez 39 d’entre elles, identifier l’anomalie génétique. Parmi ces femmes, 15 atteintes de métastases du foie ou du poumon ont reçu un traitement ciblé par voie orale ou par perfusion. Aujourd’hui, avec un recul de six mois à un an, on constate chez certaines une nette régression tumorale, ce qui est très encourageant ! Cette nouvelle voie de traitement ciblé en fonction des gènes semble particulièrement prometteuse. D’ici trois à cinq ans, les traitements de ces cancers métastasés grâce à la génétique auront totalement changé.

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