Témoignage malade cancer: Témoignage de Damaris


Témoignage de Damaris D.

Le cancer est chez nous une affaire de famille. Ma première rencontre avec lui remonte à très longtemps. Il y a bien des années déjà, ma tante et mon oncle étaient morts d’un cancer. En 1995, deux cousines furent touchées, en 1999, une autre cousine et, la même année, moi aussi.
Pour moi, cette question représentait depuis déjà longtemps une menace. J’avais toujours eu le sentiment d’être une femme à risque. Avec le diagnostic, le cancer prenait enfin un visage que j’allais pouvoir affronter.


«On devrait observer les signaux envoyés par le corps et par l’âme. »
«On devrait observer les signaux envoyés par le corps et par l’âme. »
© KLS

« Aujourd’hui, je n’hésite pas à chercher de l’aide psychologique. »
« Aujourd’hui, je n’hésite pas à chercher de l’aide psychologique. »
© KLS

« Une bonne information, c’est ‘savoir comment combattre la peur’. »
« Une bonne information, c’est ‘savoir comment combattre la peur’. »
© KLS

« Développer un cancer, c’est – au sens large – faire l’expérience de la mort. »
« Développer un cancer, c’est – au sens large – faire l’expérience de la mort. »
© KLS
Je suis touchée par deux types de cancer, le cancer de la peau et le cancer du sein. On découvrit d’abord un mélanome. On réussit à l’enlever, tout allait bien. Mais, pour moi, c’était aussi un signe que quelque chose de pire pourrait m’arriver. La même année, j’eus alors le sentiment que quelque chose ne collait pas au niveau de mes seins. Après différents examens, un cancer du sein et un autre mélanome furent diagnostiqués.
Percevoir les signaux du corps et de l’âme
A l’époque, je me laissai guider par les perceptions que j’avais de mon corps et de mon âme, et je les exprimai aussi vis-à-vis des médecins. Aujourd’hui, je ne sais plus exactement d’où j’ai tiré cette force, car, parfois, je me retrouvais seule avec mes impressions. Mais en définitive, ce comportement m’a sans doute sauvée, car le cancer a ainsi été découvert précocement. Finalement, mon médecin a pris mes impressions tout aussi au sérieux que son propre diagnostic.

Les cancéreux devraient observer les signaux de leur corps et de leur âme, et prêter l’oreille à leur voix intérieure. J’en ai régulièrement fait l’expérience pendant ma maladie. Je suis convaincue que le corps et l’âme nous parlent. On sent quand quelque chose ne colle pas. On peut se fier à cela.
Chercher de l’aide psychologique
Je fus finalement opérée, mon sein fut enlevé. Mais c’est seulement deux ans plus tard que je m’écroulai psychiquement. Peut-être mon âme n’avait-elle tout simplement pas pu suivre le rythme des événements. Je réalisai seulement maintenant : je vais mal. J’ai perdu mon sein ! Après la pose du diagnostic, il s’était agi de regarder devant soi et de se centrer sur le positif. Désormais se manifestait l’autre côté des choses. Une thérapie avec un psycho-oncologue me permit de tout mettre sur la table. Aujourd’hui, je n’hésite plus à recourir à une aide psychologique professionnelle quand cela m’apparaît nécessaire.
Etre une patiente responsable
Dans ma relation au cancer, il m’appartenait d’assumer ma responsabilité personnelle. Je veux être une patiente responsable. Pour cela, il faut bien s’informer. C’est essentiel. J’appelle cela « La connaissance contre la peur ». Cela apporte un soulagement de s’immiscer dans le traitement et de participer à la prise de décision. Ce n’est pas toujours facile. Il y a des décisions que l’on doit prendre tout seul. A un moment de mon traitement, je me suis décidée contre unechimiothérapie. Cela a été la décision la plus difficile de ma vie. Heureusement, les choses ont bien tourné. Je pense qu’aujourd’hui encore on dit bien trop rarement : « Non, je refuse cela ! ». C’est pourquoi j’ai toujours eu pour but de fonder un « groupe d’entraide pour des patientes autoresponsables ».

Je considère aussi qu’il est important que les personnes concernées se prennent le temps nécessaire. Beaucoup se soumettent trop vite à de grosses interventions. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une tumeur très agressive, on a généralement un peu de temps. On ne devrait pas entamer un traitement sous la pression. Je trouve qu’il est également important de recourir à un deuxième avis avant toute opération ou tout traitement décisif.
Le cancer : une expérience de la mort
Contracter le cancer est, au sens large, faire l’expérience de la mort. On a une relation très intense avec la mort. Il plane une ombre. Aujourd’hui encore, je suis parfois prise de panique, surtout lors d’examens ou quand je suis dans l’attente d’un résultat. Mais j’ai appris à l’accepter et à vivre avec.

Je suis très reconnaissante d’être aujourd’hui encore en bonne santé, dix ans après la pose du diagnostic de cancer. Je peux exercer sans restriction ma profession de musicienne. J’aimerais vivre en étant plus consciente. Pour moi, cela signifie prêter davantage attention à ce qui est important et à ce qui ne l’est pas. Je m’efforce constamment d’établir ce que je veux et ce que je ne veux plus. Je n’y parviens pas toujours comme il faudrait, et cela restera sans doute pour moi une tâche à accomplir.

Je ne veux plus non plus toujours tenir compte de tout le monde. J’ai peut-être appris cela. Et j’ai peut-être aussi compris que la joie de vivre ne cesse pas simplement avec la survenue du cancer. J’ai appris que je pouvais m’appuyer sur moi-même et sur la solidarité des autres.

Damaris D., été 2009

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