Témoignage malade cancer: temoignage de Barbara


Avant que je commence à raconter mon histoire, d’abord un avertissement : mes mots ne pourront pas vraiment décrire ce que j’ai vécu. Et ils ne vont pas non plus rendre vraiment ce que vous-même ressentez peut-être exactement. Aucun mot ne peut décrire cet état qui fait qu’un diagnostic de cancer vous fait sortir du cadre, vous fait sortir de la vie. Et pourtant, c’est une tentative pour expliquer ce que j’ai vécu. Et peut-être vous retrouverez-vous aussi un petit peu dans ces mots – tout en restant conscient(e) que la maladie ne peut jamais vraiment être saisie par des mots.


« C’était comme s’il faisait brusquement nuit. » 
«C’était comme s’il faisait brusquement nuit.»
© KLS
« Je tenais à la vie, je ne voulais pas mourir. » 
« Je tenais à la vie, je ne voulais pas mourir. »
© KLS
« Etais-je désormais une moitié d’homme ? » 
« Etais-je désormais une moitié d’homme ? »
© KLS
« Je n’avais jamais vraiment attaché d’importance à mes cheveux. » 
« Je n’avais jamais vraiment attaché d’importance à mes cheveux. »
© KLS
« Je vois qu’un avenir est possible. » 
« Je vois qu’un avenir est possible. »
© KLS
Chapitre 1 : Le diagnostic
« Je n’ai malheureusement pas de bonnes nouvelles. » Que voulait dire le médecin exactement par là ? « Malheureusement, des cellules cancéreuses ont été trouvées dans le tissu analysé. » C’était comme s’il faisait brusquement nuit. Qu’est-ce qu’il veut me dire là ? « Vous avez un cancer du sein. » 

Ce n’est pas possible, ce n’est vraiment pas possible, non ! Comme si j’étais aspirée dans un trou noir, je me laissais entraîner dans ce tourbillon glacé qui me prenait dans son maléfice. J’essayais de toutes mes forces d’échapper à cette réalité. Je ne veux pas, ce n’est pas possible. Je voulais crier, pleurer, m’enfuir. Et je savais pourtant que je n’y échapperais pas …

Puis les choses se sont enchaînées comme dans un film. Des rendez-vous ont été fixés. La famille et les amis ont été informés. L’entreprise mise au courant (« Jusqu’à quand ? Jusqu’à plus ample informé ! »). J’étais dévorée par le désespoir. Je n’avais pas pensé que j’étais immortelle – du moins pas complètement. Mais que tout cela devait s’achever à 37 ans me semblait être d’une incroyable incongruité !
Chapitre 2 : Se réveiller pour la première fois et prendre conscience du cancer
A un moment de cette journée « particulière », je me suis ensuite endormie après avoir versé bien des larmes. Se réveiller le matin avec la conscience que l’on a un cancer vous plonge dans un désespoir sans fond. Je connais ce sentiment pour l’avoir déjà vécu dans d’autres situations : vous vous réveillez, et la réalité vous cueille par un coup de cymbale dans le monde éveillé : Bonjour, tu as un cancer du sein ! Vous voudriez retourner dans le doux sommeil qui a si bien masqué la vérité (jusqu’à ce que le cancer vous accompagne aussi dans vos rêves).

Je tenais à la vie, je ne voulais pas mourir. Et pourtant, il y avait des moments de désespoir, où je pensais à mettre fin moi-même à cette douleur, au caractère imprévisible de cette situation. Certes, je voulais vivre, mais pas comme ça. Je tenais à la vie, mais j’étais prête à y mettre fin pour échapper à ce cauchemar. Une contradiction qui ne faisait qu’ajouter à la souffrance.
Chapitre 3 : Les opérations
Lors d’une première opération, la tumeur a été enlevée. Comme on avait trouvé d’autres petites tumeurs, on me proposa de m’enlever le sein. Assommée par toutes les nouvelles pensées, j’acceptai. Et réalisai seulement longtemps après ce que cela signifiait.

Du côté droit, je n’avais maintenant plus de sein et, d’une précédente opération, j’avais aussi perdu l’ovaire droit. Etais-je désormais une moitié d’homme ?

Je ressentis chaque fois avec délice les préparatifs de l’anesthésie. Je me réjouissais au plus profond à l’idée de pouvoir disparaître un instant de ce monde.
Chapitre 4 : La chimiothérapie
Dans la chimiothérapie, chaque cycle vous plonge physiquement au plus profond d’un abîme. Peu avant que l’on ne tombe dans l’insondable, le corps a de nouveau le temps de se remettre. Je n’avais jamais vraiment attaché d’importance à mes cheveux. Et pourtant, je ressentis un choc lorsque, soudain, ils n’étaient plus là. Dans ces périodes de « grands événements », les petites choses prennent parfois une grande signification.

Pendant la chimiothérapie, j’ai littéralement « dégobillé » mon âme. Médicalement parlant, il n’y avait pas d’explication. Le dégobillage était plutôt le reflet de mon état psychique.
Chapitre 5 : Après le traitement
« Quand tu as eu le cancer, tu n’as plus jamais même un simple mal de tête », disait mon frère, lui–même touché par le cancer. Chaque pincement, chaque petite douleur était devenue pour moi une menace et déclenchait au début des visites dans la panique chez le médecin. La peur m’a coûté beaucoup de force.

Aujourd’hui encore, je reste surprise de voir quels sont les gens qui m’étaient vraiment proches à l’époque et qui le sont restés. C’est le côté positif du cancer : les gens qui sont autour de vous se sélectionnent presque d’eux-mêmes. On fait l’expérience de la véritable affection et de l’amour sincère.
Chapitre 6: Aujourd’hui
Le cancer ne s’est pas remanifesté. Jusqu’à présent. Mais ce qui est terrible, avec cette maladie, c’est qu’on ne s’en débarrasse jamais vraiment. Pourtant, d’une certaine manière, on s’y habitue.

Je suis toujours en train de ramasser les débris des expériences que j’ai vécues. Je ne serai sans doute jamais de nouveau « comme avant ». Mais le tout reprend peu à peu forme, et je vois qu’un avenir est possible.
En souvenir de tous ceux auxquels le cancer n’a pas laissé d’avenir. Barbara B., été 2009

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