Cancer du sein : de nouveaux traitements pour les formes les plus graves

Du fait de caractéristiques particulières, certains cancers du sein sont particulièrement difficiles à traiter. Mais face aux cancers dits "triple négatif" et aux cancers résultant d’une altération génétique, une nouvelle classe thérapeutique a donné des résultats extrêmement encourageants. Des données présentées aujourd’hui lors du 45 congrès de la société américaine d’oncologie clinique (ASCO).

Le casse-tête du cancer du sein triple négatif

http://images.doctissimo.fr/photo/3166853316/private-category/cancer-sein-1592065c4e.jpgLors du diagnostic du cancer du sein, les tumeurs sont analysées et classées en fonction de certaines caractéristiques qui vont guider la prise en charge. Onrecherche ainsi leur statut en estrogènes et en progestérone et unesurexpression du récepteur HER-2. En fonction des résultats, les médicaments utilisés vont cibler précisément ces récepteurs. C’est notamment le cas du tamoxifène qui cible les récepteurs des oestrogènes et du trastuzumab (Herceptin® ) qui cible les récepteurs HER-2.

Mais 15 % à 20 % de tous les cancers du sein n’expriment aucun de ces trois récepteurs, d’où l’expression de "cancer du sein triple négatif". Ils représentent 170000 cas de cancer du sein en 2008. Le cancer du sein triple négatif est un cancer très agressif, avec un taux de métastases plus élevé et un taux de survie plus défavorable que les autres sous-types de cancer du sein. Mais une voie prometteuse présentée dimanche pourrait changer la donne.

L’anti-PARP-1, une innovation béton !

Certaines enzymes PARP (poly -ADP-ribose- polymérase 1 et 2) sont impliquées dans la réparation des dommages de l’ADN. Ce mécanisme très sympathique pour les cellules saines, le devient beaucoup moins pour les cellules cancéreuses qui ont la mauvaise idée de se multiplier de manière anarchique. PARP devient alors un allié des tumeurs en réparant les dommages de l’ADN, y compris les dommages causés par la chimiothérapie.
Partant de ce constat, les chercheurs ont cherché à neutraliser PARP, espérant que ce blocage rendrait les tumeurs du sein plus sensibles aux chimiothérapies.

Un inhibiteur de PARP-1 appelé BSI-201 associé à une chimiothérapie a ainsi été administré à 120 femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif en phase métastatique (1). Bien que ne portant que sur 80 femmes, les résultats sont très encourageants : après 6 mois de traitement, les tumeurs ont régressé chez près de la moitié des femmes recevant BSI-201 et chimiothérapie contre seulement 16 % pour les autres. La tumeur n’a augmenté de taille qu’après 6,9 mois en moyenne chez les femmes traités par BSI-201 et chimiothérapie contre 3,3 mois chez les autres. De la même manière, la survie moyenne des patientes atteintes de ces cancers très sévères est passée de 5,7 à 9,2 mois.

"Le BSI-201 pourrait apporter une nouvelle option thérapeutique aux patientes atteintes de cette forme de cancer" a indiqué le Docteur Joyce O'Shaughnessy, co-directrice du Programme de recherche sur le cancer du sein du Baylor-Charles A. Sammons Cancer Center de Dallas au Texas. Sanofi-Aventis et BiPar Sciences, filiale américaine à 100 % du laboratoire français, entendent lancer cet été un essai clinique de phase III de BSI-201 dans le traitement du cancer du sein métastatique triple négatif.

Prometteur face aux cancers à prédisposition génétique

http://images.doctissimo.fr/photo/3166853316/asco2009/inhibition-tumeur-brca-1591945912.jpgAutre cancers du sein difficiles à traiter, les tumeurs dans lesquelles existe une altération des gènes BRCA1 ou BRCA2. Ces déficiences seraient responsables d'environ 5 % des cas de cancers du sein. Ces cancers sont souvent plus précoces (diagnostiqués à 43 ans en moyenne, contre 60 ans dans la population générale) et plus agressifs (avec notamment des risques de récidives importantes dans l’autre sein).

Selon des études précédentes, on pense que les gènes BRCA sont impliqués dans un mécanisme de réparation des altérations de portant sur les deux brins d’ADN. Lorsqu’ils sont altérés (altération de BRCA1 ou BRCA2), cela conduirait au développement des tumeurs. Mais des chercheurs ont fait l’hypothèse que si on pouvait empêcher les réparations des simples brins d’ADN, ces cellules cancéreuses mourraient, étant déjà incapables de réparer les dégâts sur les doubles brins (2). Or ce travail de réparation des simples brins est justement le travail de PARP-1 ! (Mécanisme que tente d’expliquer le schéma ci-contre pour une étude chez la souris) (3).

D’où l’idée d’utiliser un inhibiteur de PARP-1 pour bloquer la maladie. L'étude a porté sur 54 femmes atteintes d'un cancer avec mutation du gène BRCA1 ou BRCA2, résistant à plusieurs chimiothérapies. Ces femmes ont été traitées uniquement avec l’olaparib, un inhibiteur de PARP développé par le laboratoire AstraZeneca. Il apparaît alors que 41 % de celles ayant reçu les plus fortes doses d’olaparib ont vu leur tumeur régresser (4).


Bien que préliminaires et portant sur un nombre réduit de patientes, les résultats de ces études sont d’autant plus encourageants, qu’ils concernent des cancers du sein particulièrement difficiles à prendre en charge.

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