Cancer 2010 : plusieurs études prometteuses présentées à Orlando

Source : Le Monde
Le week-end des 30 et 31 mai a été riche en publications sur le cancer, en raison de la tenue, à Orlando en Floride, du 45e congrès annuel de l'American Society of Oncology (ASCO), principale conférence mondiale sur le cancer.


Cancer du poumon : un traitement combiné retarde la progression
Samedi,à l'occasion du congrès de l'ASCO, le Dr Vincent Miller, du Centre Memorial Sloan-Kettering sur le cancer à New York a présenté un essai clinique de phase 3 qui montre qu'un traitement avec une combinaison de deux anti-cancéreux a permis, après un traitement de chimiothérapie, de retarder la progression de cancers du poumon avancés. Les patients traités avec du Tarceva du laboratoire suisse Roche combiné à de l'Avastin, de sa filiale américaine Genentech, ont vu leur cancer progresser plus lentement que ceux du groupe de contrôle traités seulement avec de l'Avastin. Les patients soignés avec une combinaison de Tarcera/Avastin ont survécu en moyenne 4,8 mois avant que la maladie ne s'aggrave, comparativement à 3,7 mois pour le groupe témoin.

Cancer du poumon : 26 % de survie grâce à un traitement qui bloque la multiplication cellulaire
Un second essai clinique international avec 663 patients atteints d'un cancer avancé du poumon a testé l'Alimta du laboratoire américain Eli Lilly qui bloque la multiplication cellulaire. Les résultats préliminaires montrent un gain général de survie de 26 % chez ceux ayant pris de l'Alimta comparativement au groupe témoin traité avec un placebo ou 13,4 mois contre 10,6 mois. Comme dans la première étude, tous les malades avaient déjà reçu quatre sessions de chimiothérapie standard. "Cette étude va changer les normes de soins" de ces cancers, a jugé le Dr Chandra Belani, directeur adjoint du Penn State Cancer Institute en Pennsylvanie, en présentant ces travaux à la tribune du congrès de l'ASCO.

Cancer du poumon : les traitements antiménopause augmentent le risque de mortalité
Le Dr Rowan Chlebowski, un cancérologue du Los Angeles Biomedical Research Institute, en Californie, a présenté une analyse baptisée "Women's Health Intiative", visant à évaluer les effets du Prempro, une combinaison d'oestrogène et de progestine (forme synthétique de progestérone) commercialisé par le laboratoire américain Wyeth. Cette analyse a porté sur l'incidence du cancer du poumon le plus fréquent, et de son taux de mortalité durant une période d'environ cinq ans et demi de traitement hormonal, ou de placebo. Il n'y avait pas de différence significative entre les deux groupes dans l'incidence des cancers du poumon mais le taux de mortalité après le diagnostic était deux fois plus élevé chez les femmes qui suivaient une thérapie hormonale que chez les autres. En d'autres termes, les femmes ménopausées ayant contracté un cancer du poumon et qui prenaient des hormones avaient 61 % plus de risque de décéder de la maladie que les autres.

Cancer des testicules : identification de liens avec des variations génétiques
Des variations génétiques liées au risque de développer un cancer des testicules viennent d'être identifiées pour la première fois, selon deux études publiées en ligne dimanche dans Nature Genetics. Michael Stratton (Institut de recherche sur le cancer, Royaume-uni), Katherine Nathanson (université de Pennsylvanie) et leur équipe ont comparé le code génétique de 730 hommes atteints de cancer des testicules avec celui d'hommes en bonne santé. Ils ont constaté que des variations dans les chromosomes 5, 6 et 12 étaient liées à un risque accru d'attraper la maladie. Pour peu que les chromosomes connaissent tous trois ces variations, le risque est multiplié jusqu'à quatre fois, soulignent les chercheurs. La tumeur des testicules est le cancer le plus fréquent chez les hommes entre 15 et 45 ans. Cinq fois plus courant chez les hommes d'origine européenne que chez ceux d'origine africaine, ce cancer est curable à 99 % s'il est soigné dans ses premiers stades.
Cancer du sein : une nouvelle thérapie ciblée prometteuse
Deux petites études riches de promesses ont été présentées dimanche, sur une nouvelle thérapie ciblant la capacité des cellules cancéreuses à se réparer, qui neutralise une enzyme et l'empêche de jouer son rôle réparateur de l'ADN des cellules dans le corps. Tout comme les cellules saines, les cellules cancéreuses recourent à cette enzyme dite PARP (poly -ADP-ribose- polymerase) pour se régénérer quand elles subissent des dommages infligés notamment par des traitements de chimiothérapie. Les deux études ont examiné si en neutralisant l'enzyme PARP, les tumeurs du sein seraient plus sensibles aux chimiothérapies. Le premier essai clinique de phase 2 a été mené auprès de 116 femmes atteintes d'un cancer du sein dit triple négatif, des tumeurs particulièrement difficile à combattre. Après six mois, environ 62 % des patientes traitées avec le l'inhibiteur de PARP dit BSI-201 de la firme BiPar Sciences, filiale américaine à 100 % du laboratoire français Sanofi-Aventis, combiné à la chimiothérapie ont montré une amélioration clinique comparativement à 21 % dans le groupe témoin traité uniquement par chimiothérapie, a indiqué la Dr. Joyce O'Shaughnessy, du centre du cancer Baylor-Charles Sammons à Dallas, dans le Texas.

La seconde étude clinique a porté sur 54 femmes souffrant d'un cancer du sein avancé ayant le gène de mutation BRCA1ou BRCA2 traitées avec l'anti-PARP olaparib du groupe pharmaceutique Anglo-Suédois AstraZeneca mais ne comportait pas de groupe témoin de comparaison. Les résultats de cet essai clinique ont montré que 40 % des patientes ayant pris la plus forte dose d'olaparib ont connu une réduction de leur tumeur, a indiqué le Dr Andrew Tutt, cancérologue au Kings College à Londres.

"Vaccin" curratif : premiers succès significatifs
Après trente ans de faux-départs, des chercheurs ont fait état de premiers succès significatifs dans les tentatives d'utiliser le système immunitaire pour combattre le cancer. La méthode est appelé "vaccin contre le cancer", même si elle est utilisée pour traiter le cancer plutôt que de le prévenir. Selon les médecins, l'un de ces vaccins, produit par Biovest International Inc, permet d'éviter l'évolution négative d'un lymphome de type commun pendant plus d'un an en comparaison avec un traitement classique.

Cancer colorectal : pas d'avancées
Déception concernant les résultats des études cliniques portant sur le cancer colorectal, quatrième plus fréquent (9,9 % des cas) aux Etats-Unis et second plus mortel, qui n'ont pas montré de gain de survie. Un essai clinique étendu de phase 3 conduit avec 2 710 patients pour évaluer l'Avastine en complément d'une chimiothérapie standard pour les malades atteints d'un cancer non-avancé du colon, n'a révélé aucune différence dans le taux de récurrence de la tumeur et la survie après trois ans en moyenne.

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