Un-nouveau-medicament prometteur pour le cancer de la prostat 2010

Les premiers essais d’un nouveau médicament hormonal, l’acétate d’abiratérone, permettant de limiter l’évolution de la maladie seraient très encourageants.

Le Cancer de la prostate : quelques notions

Le cancer de la prostate est un des cancers les plus fréquents chez l’homme. Il y a plus de 50 000 nouveaux malades par an en France.

Son évolution est lente. Elle peut-être soit silencieuse, soit signalée par des problèmes urinaires comme une difficulté à uriner ou une envie plus fréquente.

Le diagnostic

Si vous faites une prise de sang, la présence d’une augmentation de la concentration de l’Antigène Prostatique Spécifique (PSA) peut souvent amener au diagnostic de ce cancer. Mais, seul un examen au microscope suite à une biopsie de la prostate permet d’être certain de la présence du cancer de la prostate.

Son agressivité va pouvoir être identifiée par trois facteurs :

- L’extension du cancer (localisé dans la prostate, débordant la prostate, étendu aux ganglions ou dans d’autres organes),
- L’agressivité des cellules cancéreuses vues au microscope et définie par le système de score de Gleason. C’est une méthode d’évaluation le plus souvent utilisé pour mesurer le degré d’un cancer de la prostate et permet de graduer du moins au plus agressif soit de 2 à 10. (2 à 4 = faible agressivité, 5 et 6 = plus faible que la moyenne, 7 = intermédiaire (le plus courant), 8 à 10 = élevée)
- Le taux de PSA dans le sang

Les différents traitements

A l’origine, il existe plusieurs moyens pour soigner un cancer de la prostate :

- La chirurgie pour enlever la prostate et les vésicules biliaires (prostatectomie radicale)

- La radiothérapie externe correspond à des rayons envoyés par une machine à l’extérieur du corps du patient par des faisceaux d’irradiation convergeant dans la prostate. Elle est souvent administrée sous forme de courtes séances journalières pendant environ 7 à 8 semaines.

- La curiethérapie :

=> Soit sous forme de traitement classique qui consiste à implanter de petits grains radioactifs de manière permanente dans la prostate grâce à des aiguilles sous anesthésie générale.

=> Soit sous forme de traitement à haut débit qui consiste à introduire temporairement des cathéters dans la prostate, dans lesquels une microsource d’iridium 192 (une source radioactive artificielle) délivre des doses radioactives très élevées. Cette forme de traitement est administrée en deux séances, préalablement à une radiothérapie externe.

- Les traitements médicamenteux

=> Soit par l’hormonothérapie : le cancer de la prostate a des cellules stimulées par des hormones. C’est donc un cancer hormono-dépendant qui peut être traité par une médication hormonale. Cette dernière permet de bloquer la stimulation hormonale produite par l’hypophyse (glande située dans le cerveau) et donc la sécrétion des hormones sexuelles (androgènes et œstrogènes). Dans le cas de la prostate, il s’agit d’avoir recours à des analogues de l’hormone hypothalamique LR-RH. Il s’agit d’une castration chimique.

=> Soit la chimiothérapie : Elle est, dans ce cas, administrée par voie veineuse.

Le plus souvent, le patient a le choix entre plusieurs traitements. Vous devez donc prendre votre temps pour comprendre toutes les possibilités et leurs effets secondaires, afin de faire votre choix dans les meilleures circonstances.

Un nouveau médicament prometteur ?

Plusieurs médicaments sont à l’étude en ce moment pour éradiquer ce cancer de la prostate. En autres, un nouveau médicament hormonal, l’acétate d’abiratérone, arriverait à obtenir des résultats intéressants même si ce n’est encore qu’un préliminaire, car d’autres études sont à faire pour confirmer cette bonne nouvelle.

L’objectif de ce médicament est de « couper les vivres » de la tumeur, par inhibition de la production d’androgènes.

Les problèmes existant avec les traitements actuels seraient :

- l’inhibition de la sécrétion hormonale est parfois précédée d’un effet rebond, soit une période de surstimulation.

- les médicaments actuels n’agiraient pas toujours sur les androgènes secrétés aussi par les surrénales (glandes endocrines situées au pôle supérieur de chacun des deux reins).

L’Institut National du Cancer de Grande-Bretagne est à l’origine de la découverte de ce nouveau traitement. Il a publié un article dans The Journal of Clinical Oncology qui permet de dévoiler les résultats très encourageants. Mais attention, il s’agit uniquement de résultats préliminaires.

Ces derniers sont la conclusion d’un essai clinique de phase 1 obtenu avec une nouvelle molécule anti-androgène, l’acétate d’abiratérone, créée par une firme de biotechnologie américaine, Cougar Biotechnology.

Les nouveautés de ce traitement seraient :

- Son mécanisme d’action innovant est mis en avant, car il touche pour la première fois le sommet de la chaîne, en empêchant la transformation du cholestérol en androgènes. Pour comprendre, vous devez savoir que les hormones mâles sont fabriquées dans le corps par la transformation du cholestérol, grâce à différents systèmes enzymatiques, et particulièrement l’enzyme CYP17.

Il serait donc le seul médicament capable d’inhiber de manière sélective l’enzyme CYP17.

L’étude a été effectuée sur 21 patients atteints d’un cancer agressif de la prostate et à qui les chercheurs ont administrés différents dosages de ce nouveau médicament.

Le premier point positif est que le traitement est apparemment très bien toléré. Il est noté également une diminution des taux de testostérone, d’androgènes et d‘œstradiol chez tous les patients.

Ensuite, le taux de PSA (le marqueur du cancer de la prostate) est en chute de plus de 50% chez plus de la moitié des patients pendant des périodes allant de 69 à 578 jours.

Les chercheurs mettent en avant que pour un grand nombre de patients, une régression radiologique de la tumeur a pu être détectée, en plus d’une amélioration des symptômes et à une réduction de la prise de médicaments antalgiques.

Le Professeur Marc Zerbib (urologue, hôpital Cochin à Paris) affirme : « il s’agit effectivement d’une molécule originale qui pourrait avoir un effet de blocage complet des hormones mâles, même si on reste dans le même concept de l’hormonothérapie initié il y a plus de 60 ans. Néanmoins, les données sont encore trop limitées pour connaître les bénéfices réels que l’on pourra obtenir avec ce médicament ».

Dans le même esprit, le Professeur Guy Vallancien (Institut mutualiste Montsouris de Paris) dit : « Pour l’instant, il s’agit de résultats très préliminaires, avec peu de recul, sur un nombre limité de personnes. Il ne faut pas que les patients se précipitent chez leur médecin pour réclamer ce médicament qui d’ailleurs n’est pas disponible ».

Une nouvelle étude est actuellement en cours sur 1 200 patients et devrait être publiée dans les mois qui viennent. Vous aurez ainsi les réponses et surtout les confirmations sur ces résultats très prometteurs.

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