Nouveau traitement 2010 : contre le mélanome (Cancer de la peau)

Les personnes atteintes d'un mélanome avancé devraient pouvoir reprendre espoir, grâce à l'ipilimumab. Ce médicament a permis de prolonger d'un tiers la survie des patients suivis. Une première face à cette maladie redoutable.

Le mélanome est un cancer de la peau redoutable lorsqu'il est diagnostiqué à un stade avancé, car il n'existe alors pas de traitement efficace. S'il ne représente que 4 % de l'ensemble des cancers de la peau, il est à l'origine de 80 % des décès dus à ce type de tumeurs1. Face à ce fléau en constante augmentation, la découverte de nouveaux médicaments est donc indispensable pour améliorer la survie des patients.

Mobiliser le système immunitaire contre le mélanome

C'est dire si les travaux présentés au congrès américain annuel de cancérologie qui s'est déroulé à Chicago en juin 2010 (ASCO) ont été accueillis avec enthousiasme. Ils montrent en effet un allongement de la survie chez des patients sous ipilimumab souffrant d'un mélanome de stade IV, aux conséquences fatales pour la moitié des malades entre 6 et 9 mois2.

L'ipilimumab est un anticorps monoclonal injecté par voie intraveineuse. Contrairement à la plupart des traitements utilisés pour traiter les mélanomes, son mécanisme d'action ne cible pas les cellules cancéreuses elles-mêmes mais repose sur l'activation du système immunitaire, lequel va ensuite détruire les cellules malignes. D'après les résultats de l'étude, cette molécule a permis d'allonger la survie de 3,7 mois en moyenne, un résultat très encourageant dans le traitement de ce cancer qui est l'un des plus mortels lorsqu'il est à un stade avancé. "Il s'agit d'une avancée majeure dans la prise en charge des patients", estime le Pr Céleste Lebbé (dermatologue à l'hôpital Saint-Louis, Paris), rappelant que "le pronostic n'a pas évolué depuis plus de 30 ans".

Premiers résultats attestant d'une amélioration de la durée de vie

Dans l'étude présentée par l'équipe de Steven O'Day (Research Institute de Los Angeles), les patients traités par ipilimumab ont survécu environ 10 mois, contre 6,5 mois pour ceux qui avaient reçu l'un des seuls traitements ayant montré une certaine efficacité, un vaccin peptidique Gp100. La survie à 2 ans était de 24 % parmi le premier groupe et de seulement 14 % pour le second. Les chercheurs ont également observé un meilleur contrôle du mélanome sous ipilimumab : à 6 mois, il n'avait pas progressé chez près de 30 % des malades traités avec cette molécule, contre 11 % chez ceux ayant reçu le vaccin.

Généralement bien toléré, ipilimumab a tout de même entraîné des effets secondaires extrêmement sévères chez 10 à 20 % des patients, mettant en jeu le pronostic vital. "Un prix à payer très cher", reconnaît le Pr Lebbé, qui estime cependant que "ces effets sont gérables par une équipe médicale informée, (…) avec recours à la corticothérapie générale voire à des immunosuppresseurs pendant une durée limitée".

Cet essai clinique de phase 3 mené auprès de quelque 600 malades dans plusieurs pays pourrait rapidement déboucher sur une autorisation de mise sur le marché par la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine des médicaments. "Au total, on peut parler d'une avancée majeure pour la prise en charge du mélanome à un stade avancé grâce à une stratégie originale d'immunothérapie", conclut le dermatologue.

Certaines thérapies ciblées suscitent également de nombreux espoirs, notamment celles concernant les mélanomes dus à des formes mutées de l'oncogène BRAF et qui représentent la moitié de ces cancers. Après avoir montrée des résultats spectaculaires lors d'étude ultra-préliminaires (en phase I) chez 60 à 70 % des patients traités, certaines molécules seraient actuellement en passe d'être testé à plus large échelle (phase II et III), selon le Pr Lebbé.

Un traitement réduit 80 % des mélanomes avancés

Une nouvelle thérapie, ciblant un gène dont la mutation est liée à un grand nombre de mélanomes avancés, a provoqué une forte réduction de la tumeur chez 80 % des patients.

Ce traitement expérimental administré oralement, appelé PLX4032, neutralise le gène BRAF dont les mutations sont présentes dans 40 à 60 % des mélanomes, un cancer de la peau. Cet agent empêche ainsi le gène de produire une protéine jouant un rôle clé pour le développement du cancer.

« Nous n’avons jamais observé un taux de réponse de 80 % à un traitement contre le mélanome avancé, c’est remarquable », juge le Dr Paul Chapman, du centre du cancer Memorial Sloan-Kettering à New York, un des principaux co-auteurs de ces travaux.

« Le mélanome métastasé laisse peu d’espoir de survie et compte parmi les principales causes de mortalité par cancer chez les jeunes patients », note le Dr Keith Flaherty, du centre du cancer du Massachusetts General Hospital, principal responsable de cette étude clinique.

« Jusqu’à présent, il existe peu de traitements, et souvent peu fiables, ce qui fait que cette avancée peut vraiment tout changer pour les malades atteints de cette tumeur dont la croissance est liée à la mutation de ce gène », ajoute le cancérologue.

Ses travaux paraissent dans la revue médicale américaine, The New England Journal of Medicine daté du 26 août.

« Bien que l’ablation chirurgicale d’un mélanome au premier stade de développement soit généralement couronnée de succès, une fois que cette tumeur de la peau se propage à d’autres organes de l’organisme le pronostic est sombre », avec une survie de neuf mois au plus après le diagnostic, explique le cancérologue.

Les résultats de l’essai clinique préliminaire (phase 1) mené avec 55 patients ainsi que ceux partiels provenant d’une prolongation de cette étude avec 32 malades, ont montré « qu’un grand nombre de tumeurs se sont réduites rapidement et que chez certains malades l’amélioration de leur qualité de vie a été spectaculaire », précise le Dr Chapman.

« Ceci marque le début de la médecine personnalisée pour combattre le mélanome », selon lui.

Des réductions de la tumeur ont été observées dans tous les organes où le mélanome a fait des métastases à savoir le foie, le petit intestin et les os.

Les effets secondaires du PLX4032 co-développé par le laboratoire suisse Roche et américain Plexxikone, qui financent les essais cliniques, ont été relativement mineurs dont notamment des éruptions cutanées, des nausées et de la fatigue.

Aucun des malades dans les essais cliniques n’a dû arrêter d’y participer.

Un essai clinique de phase 3, dernier stade avant la demande de mise sur le marché, est en cours et devrait indiquer si le PLX4032 prolonge réellement la vie des patients.

En juin, un essai clinique de phase 3 avait montré que l’Ipilimumab, un anticorps monoclonal administré par intraveineuse, stimulant le système immunitaire, avait permis pour la première fois un gain substantiel de survie chez ces malades.

Cet anticorps a été découvert par Medarex, partie du groupe pharmaceutique américain Bristol Myers Squibb.

Selon l’OMS, le cancer de la peau est responsable de 66.000 décès annuellement dans le monde dont environ 80 % sont des mélanomes. Plus de la moitié des patients ont moins de 59 ans.

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