CANCER DU SANG NOUVEAU TRAITEMENT 2010


Un lymphome est un cancer du sang qui se développe dans le système lymphatique et qui peut s'installer dans n'importe quelle partie du corps. La fréquence de ce cancer a doublé en vingt ans. Le problème majeur avec le lymphome est l'absence de symptômes spécifiques, essentiels pour un dépistage précoce...
Qu'est-ce que le système lymphatique ?
Le système lymphatique constitue un réseau de vaisseaux et de ganglions qui s'étend à travers tout l'organisme. Il est à l'origine des lymphocytes ou globules blancs, cellules clés de notre système de défenses immunitaires. Ce système protège donc le corps des maladies et des infections. Les vaisseaux lymphatiques drainent un liquide appelé la lymphe qui véhicule les lymphocytes et c'est dans les ganglions lymphatiques notamment que sont extraits les virus, les bactéries et autres substances étrangères. Ainsi par exemple lors d'un rhume, on peut sentir des ganglions gonflés au niveau de la gorge, reflet de leur travail contre l'infection.
Des lymphocytes au lymphome
Il arrive parfois que des lymphocytes anormaux soient produits. Ceux-ci peuvent alors s'accumuler et former des tumeurs. En empruntant le réseau lymphatique, ces tumeurs sont susceptibles de s'installer dans n'importe quelle partie du corps. L'autre problème majeur rencontré avec ce cancer est le manque de spécificité de ses symptômes, ce qui est en défaveur d'un diagnostic précoce, essentiel pour améliorer la prise en charge.

Le signe le plus fréquent est la détection de ganglions enflés, parfois douloureux, souvent au niveau du cou ou des aisselles. Mais les symptômes dépendent très largement de la localisation du ganglion atteint. Ainsi, au niveau de l'aine, le lymphome peut se manifester par des jambes lourdes et des chevilles gonflées. Au niveau de l'abdomen par une gêne abdominale, des ballonnements, voire des douleurs lombaires.
L'Association France lymphome espoir précise que d'autres symptômes généraux sont fréquemment rapportés, notamment des frissons, de la fièvre, des sueurs nocturnes, une perte de poids inexpliquée, une fatigue et des démangeaisons.
Aucun d'entre eux n'étant spécifique, le signal indiquant qu'une consultation s'impose est leur persistance et le fait qu'ils soient inexpliqués.

LES MOLECULES DE L’ESPOIR

"Pour ouvrir une porte, on peut procéder de différentes manières, selon les moyens dont on dispose : donner un grand coup de pied dedans pour la défoncer ou glisser la clé dans la serrure quand on a la chance de l’avoir".

Par ces propos, le Prof. Jill-Patrice CASSUTO, chef du service d’hématologie au CHU de Nice, illustre la situation des thérapeutiques contre les cancers du sang, dont les deux plus fréquents : les lymphomes (10.000 nouveaux cas par an en France, 150 sur la région PACA EST) et les leucémies aiguës (respectivement 2000 et 40).

D’un côté la chimiothérapie qui détruit les mauvaises cellules mais n’épargne pas non plus les bonnes ; de l’autre, la thérapie ciblée qui concentre ses effets sur les molécules ou les mécanismes déréglés dans les cellules tumorales. La 2ème prend le pas aujourd’hui sur la 1ère pour le plus gand bénéfice des malades qui peuvent ainsi espérer une réduction des effets secondaires de la chimiothérapie. Mais ce recours aux thérapies ciblées a un préalable : dresser un portrait-robot le plus précis possible de la maladie.

UN PATIENT, UN TRAITEMENT

Autrement dit, analyser l’expression de ces marqueurs du cancer qui vont permettre de l’atteindre spécifiquement : "il faut éviter de donner le même médicament à tous les patients atteints de leucémie ou de lymphome. Car ces termes ne veulent en réalité pas dire grand chose. Chaque patient a des caractéristiques différentes, avec des marqueurs cellulaires distincts ; et le pronostic, comme les thérapeutiques, varient selon l’expression de ces marqueurs", rapporte le Prof. Nicolas MOUNIER, hémato-oncologue à l’hôpital de l’Archet 1 à Nice.

Pour réaliser ces analyses, le CHU de Nice dispose d’un plateau technique du plus haut niveau, permettant de réaliser des biopsies des ganglions profonds et des atteintes osseuses sous scanner. "On étudie sur les tissus ainsi prélevés l’expression des protéines, mais aussi des gènes."

Et c’est à l’issue de ces analyses que le choix du traitement est décidé de façon concertée par une dizaine de spécialistes (ces réunions de concertation pluridisciplinaire d’onco-hématologie au cours desquelles le dossier du patien est épluché par divers spécialistes sont uniques à Nice, les plus proches se tenant à Marseille.)

Chaque patient bénéficie d’une prise en charge individualisée. Celle-ci puise dans un arsenal thérapeutique qui ne cesse de s’enrichir de nouvelles molécules ; certaines sont déjà commercialisées, d’autres sont encore à l’étude, mais les patients suivis à l’hôpital de l’Archet/Nice peuvent déjà en bénéficier, comme l’explique le Prof. MOUNIER : "La particularité de notre service est de proposer aux patients, en plus des traitements conformes aux référentiels nationaux, de participer, s’ils le souhaitent à des essais thérapeutiques avec de nouveaux agents innovants, plus efficaces. Plus de 10% de nos patients parviennent à intégrer ces essais, ce qui permet d’augmenter leur chance de guérison"

Reste le nerf de la guerre : l’argent

"Ces diagnostics coûtent cher car ils ne sont pas tous couverts par la nomenclature. Aujourdh’hui nous sommes inquiets quand à leur financement".

Inquiets, mais décidés à tout faire & mettre en oeuvre pour que le cancer ne regagne pas du terrain. (Article de Nancy Cattan)

Encadré dans l’article : LES MOLECULES DE L’ESPOIR

Si plus d’un patient sur deux atteint par un cancer du sang parvient désormais à guérir, on peut espérer que ce chiffre continue de grimper dans les années à venir. Un espoir fondé sur les progrès thérapeutiques qui se traduisent par la mise sur le marché d’une molécule nouvelle tous les ans. Les lymphomes font partie des grands bénéficiaires de ces évolutions.

"Grâce aux anticorps monoclonaux ciblant les molécules de surface des cellules tumorales, on a obtenu un grain de suvie de 10 à 15% dans les cas de lymphomes. Depuis peu, on dispose d’anticorps encore plus efficaces car totalement humanisés et donc parfaitement tolérés", explique le professeur Nicolas MOUNIER.

Une petite révolution puisque ces molécules étaient jusqu’à un passé encore proche des hybrides "homme-souris". D’autres médicaments, très prometteurs, sont en cours d’étude, qui modifient toute la machinerie des cellules tumorales. Les leucémies aigües, qui restent aujourd’hui les cancers du sang les plus graves, ne sont pas de reste. "Grâce aux traitements ciblés qui permettent de guider la chimiothérapie jusqu’aux cellules cancéreuses, on parvient à réduire les récidives dans les situations les plus difficiles. L’obtention de ces rémissions sont essentielles pour préparer le patient à la greffe de la moelle".

Un autre espoir solide repose sur de nouveaux médicaments en comprimés qui inhibent l’action de protéines anormales augmentant l’agressivité du cancer.



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