La découverte d’un gène clé pour bloquer le cancer de la peau

Le tournant s’est produit avec l’identification d’un gène appelé B-RAF en 2002. Chez plus de la moitié des cas de mélanome, on retrouve une mutation de B-RAF, V600 BRAF, tout particulièrement impliquée dans les mécanismes de prolifération cellulaire cancéreuse. Moins de dix ans après la découverte de cette mutation, les laboratoires Roche-Genentech testaient une nouvelle molécule, la vémurafénib, qui inhibe l'activité de la protéine mutante, B-RAF.
THÉRAPIES CIBLÉES. Parallèlement à la mise au point de la molécule, un test de génétique moléculaire, dit compagnon, a aussi été développé par le laboratoire. Il détecte, à partir d’une biopsie de la tumeur, la présence ou pas de la mutation et rend désormais possible l’identification de manière fiable et rapide des personnes admissibles au traitement.
« Avec ce test et cette molécule on peut mettre en place une thérapie ciblée. On met en quelque sorte un bâton dans l’engrenage de réactions qui conduit une cellule normale à se transformer en cellule cancéreuse » expliquait Robert Balloti directeur du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (Nice), lors d’un congrès sur le mélanome qui s’est déroulé au début de l’été à Marseille. Deux autres molécules le dafrafénib et le tramétinib visant la voie B-RAF sont en cours d’évaluation.
Les premiers résultats sont encourageants, ces nouveaux traitements permettent de prolonger la vie des patients atteints de mélanomes avec des métastases mais ils génèrent également des effets secondaires importants, l’évaluation finale de leur efficacité est attendue pour 2014.
IMMUNOTHÉRAPIEL’autre piste en vogue actuellement est l’immunothérapie « qui permet de renforcer les défenses immunitaires de l’organisme de sorte qu’il puisse lutter et détruire lui-même les cellules cancéreuses » résume Robert Balloti.
Si des recherches ont lieu sur différents types de cancer, la première molécule disponible, commercialisée en 2011, l’ipilimubab (Yervoy, laboratoires Bristol Myers Squib) visait spécifiquement le mélanome. Cette molécule est un anticorps dit monoclonal, capable de reconnaître l’antigène CTLA-4, présent à la surface des lymphocytes T. Cet antigène rend ces cellules immunitaires moins efficaces contre les cellules cancéreuses. En bloquant l'antigène, l’anticorps réactive finalement les lymphocytes, ce qui permet de relancer la destruction des cellules tumorales.
SIGNALISATION DEREGULEE. Enfin dernier atout à disposition des oncologues : les inhibiteurs des voies de signalisation dérégulées. « Ils permettent de remettre de l’ordre dans des mécanismes qui sont devenus fous et qui sont présents dans de nombreux cancers dont ceux de la peau » explique Sandrine Monestier. Une première molécule visant la voie PD1 (impliquée dans l’activation des lymphocytes T) est à l’essai pour les patients atteints de mélanomes métastasés mais qui n’ont pas la mutation B-RAF. Un premier essai de stade 1 a montré qu’elle permettait de réduire les métastases chez des patients déjà traités. Là aussi, il faudra patienter plusieurs mois avant de pouvoir disposer d’une évaluation complète.
Joël IgnasseSciences et Avenir, 23/07/2013

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