Vaccin contre le cancer : la fin des espoirs déçus ?

Mettre au point un vaccin contre le cancer. On peut dire que l’idée ne date pas d’hier… mais suite à quelques effets d’annonce et après 15 ans de recherche, les chercheurs ont appris à être prudents. Néanmoins, deux recherches présentées lors du congrès européen Eurocancer permettent d’espérer un traitement efficace pour 2010.

Comment susciter une rébellion de l’organisme vis-à-vis de sa tumeur ? La vaccination est généralement employée pour prévenir les maladies infectieuses, quel est le principe d’une vaccination anticancéreuse ? Existe-t-il des analogies entre les deux vaccinations ? Où en est la recherche médicale ? Toutes les réponses à vos questions.

Le principe de la vaccination contre le cancer

Vaccin contre le cancerPour que notre système immunitaire détruise des cellules cancéreuses, il faut soit augmenter, réveiller ou susciter une réponse de sa part vis-à-vis des tumeurs. Mais pendant longtemps, les chercheurs se sont trouvés face à un véritable casse-tête. Comment différencier les cellules cancéreuses des cellules saines pour que les premières tombent sous les assauts de notre système immunitaire ?

Depuis 1991, l’identification de substances spécifiques associées à certaines tumeurs a enfin ouvert la voie à des vaccins thérapeutiques contre les cancers. Le principe est donc sensiblement le même que face à des maladies infectieuses. "Dans les deux domaines, on parle d’antigène (cible de la vaccination) et de facteurs augmentant l’efficacité du vaccin (adjuvant). Les stratégies vaccinales développées pour le cancer se rapprochent de celles qui prévalent pour la vaccination anti-infectieuse" déclare le Dr Daniel Olive, du service de cancérologie expérimentale de Montpellier.

Des vaccins uniquement curatifs ?

A la différence des vaccins préventifs, leurs homologues anticancéreux ont plus aisément des propriétés curatives. Néanmoins, la question mérite aujourd’hui d’être posée tant la connaissance des facteurs de risque a progressé. Ne pourrait-on vacciner préventivement les patients à haut risque de tel ou tel cancer (les femmes porteuses de gènes de prédisposition au cancer du sein BRCA1, BRCA2…), avant que celui-ci ne se développe ? Les cancérologues sont pour le moment des plus réservés : peut-on recommander un traitement à vie, dont on ne connaît pas les effets sur le long terme ? Ne risque-t-on pas un emballement du système immunitaire ? "Pour l’instant, il me semble plus raisonnable, réaliste, de proposer une vaccination thérapeutique à des patients réellement, et non potentiellement, atteints de cancer. Grâce à des malades ayant indiscutablement besoin d’un traitement, les effets à long terme pourront être mieux cernés. On pourra alors déduire l’attitude qu’il convient d’adopter par rapport à une utilisation préventive des vaccins" précise le Dr Olive.

Mélanomes, cancer du rein : deux études prometteuses

La plupart des travaux sont au stade clinique, c’est-à-dire que les premiers tests sont réalisés chez l’homme. Mais deux études plus avancées relancent l’espoir trop souvent brisé de cette branche de la recherche. L’une suisse sur le mélanome et l’autre américaine sur le cancer du rein, chacune utilisant une technique particulière.

Une équipe suisse1 a focalisé son attention sur les cellules dendritiques du corps humain. Constituant 0,5 % des globules blancs circulant dans le sang et donc dans tous les organes, ces cellules veillent et alertent les lymphocytes dès qu’un intrus menaçant est repéré. Le principe est de prélever ces cellules, de leur incorporer un antigène supplémentaire qui leur permettra d’identifier les cellules cancéreuses comme menaçantes. Après stimulation in vitro, elles sont réinjectées chez le patient. Des résultats prometteurs ont été présentés lors du congrès Eurocancer2.

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