Cancer du pancréas : une avancée majeure

Une étude présentée à Chicago par le Pr Thierry Conroy constitue une avancée majeure dans le traitement du cancer du pancréas qui n’avait pas changé depuis 15 ans.

Ce fut sans doute un des moments les plus forts de son existence. Lundi, devant une salle de 10 000 médecins, à Chicago, le Pr Thierry Conroy, oncologue au centre Alexis-Vautrin de Nancy et praticien au CHU a présenté les résultats de douze ans de travaux sur le cancer du pancréas.

Une étude qui a été longuement applaudie par la salle et qui, va, c’est très rare, modifier radicalement le traitement de référence de ce cancer au stade métastatique. D’ores et déjà, le Pr Conroy est intégré dans la task force du National Cancer Institute américain qui regroupe 5 des plus grands centres US.

De retour à Nancy, le médecin explique les enjeux de cette découverte, arrivée presque fortuitement. Il avait proposé ce traitement à des patients en échec thérapeutique.

« En fait, j’ai associé trois médicaments de chimiothérapie déjà connus depuis longtemps et utilisés dans le cancer du colon, et une vitamine. C’est la synergie et l’ordre dans lequel on les administre qui donne ce résultat », a-t-il expliqué.

Qualité de vie

« On vient de faire la preuve que le cancer du pancréas est sensible à un traitement par chimiothérapie et plus efficace au stade métastatique.» Son bénéfice est d’allonger l’espérance de vie des patients.

Plusieurs années ont été nécessaires pour mener sur des cohortes de patients volontaires et répondant à des critères de sélection stricts, cette expérimentation. Les médicaments, en outre, étaient fournis gratuitement par Pfizer et Sanofi. « Chaque fois, les résultats étaient meilleurs que nos espérances », note le médecin. Les patients susceptibles de bénéficier de ce protocole Folfirinox, devaient être en bonne forme pour en supporter le caractère plus agressif.

Ils ne devaient pas avoir subi de chimiothérapie auparavant. Tous les 15 jours, les patients répondaient à un long questionnaire afin de savoir comment ils supportaient le traitement, et de quelle manière celui-ci améliorait leur qualité de vie.

Prochaine étape

Cette étude a été soutenue par la fédération nationale des centres de lutte contre le cancer, et en collaboration avec la fédération francophone de cancérologie digestive. Quarante-huit établissements hospitaliers français, dont quatorze centres contre le cancer ont participé aux travaux coordonnés par le Pr Conroy.

A Metz, c’est à l’Hôpital BonSecours que se situait l’antenne du CHR. Le traitement peut être mis en œuvre très facilement dans le cadre d’Oncolor, le réseau lorrain.

Mais déjà d’autres axes de recherche se profilent : le Pr Conroy compte tester ce protocole après intervention chirurgicale, dans l’espoir d’améliorer cette fois les chances de guérison. « L’étape suivante, mais ce sera dans plusieurs années, ce sera de rendre opérables les personnes qui ne le sont pas actuellement».

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