Le PSA n'est plus le juge de paix du dépistage du cancer de la prostate.


La Haute Autorité de santé (HAS) vient de trancher et sa décision ne va pas plaire aux urologues ni à tous ceux qui défendaient depuis des années, contre vents et marées, le dosage systématique duPSA (antigène spécifique de la prostate) chez tous les hommes après 50 ans. Les conclusions de son rapport sur les facteurs de risque de cancer de la prostate et la pertinence de son dépistage par dosage de PSA auprès de populations d'hommes sans symptôme mais considérés comme "à haut risque" de survenue de ce cancer sont claires : "Après avoir recherché la littérature sur le sujet et examiné les rapports et recommandations des sociétés savantes et organismes d'évaluation en santé au niveau national et international, la HAS a conclu qu'il n'y a pas de preuve suffisante pour justifier la mise en place d'un tel dépistage dans ces sous-populations".
 
En France, la prostate est le premier siège de cancers chez l'homme. L'an dernier, la maladie a touché 71 200 personnes et c'est la troisième cause de décès masculin par tumeur (8 700 morts par an), derrière le cancer du poumon (21 000) et le cancer colorectal (9 200). Ce qui justifie évidemment de tenter de trouver les moyens de la diagnostiquer pour pouvoir la traiter précocement. Et pourtant, comme elle l'avait déjà conclu pour la population générale en 2010, la HAS réfute l'idée d'un bénéfice d'un dosage du PSA, même chez les hommes sans symptôme considérés comme à plus "haut risque" (par exemple en raison d'antécédents familiaux), notamment parce qu'il est difficile de les repérer et parce que rien ne permet de penser que ces derniers développent "des cancers de la prostate de forme plus grave ou d'évolution plus rapide".

"Faux positifs"

De plus, aucune étude ne démontre l'efficacité du dépistage en termes de diminution de la mortalité, y compris chez ces patients considérés comme particulièrement "exposés". En revanche, en plus des risques de faux positifs (donc de fausse alerte) lors du dosage sanguin du PSA, ces hommes doivent ensuite subir des biopsies de confirmation (pouvant être à l'origine de perte de sang dans les urines et le sperme, d'infections, de rétention urinaire et de faux négatifs). Quant aux traitements, ils ne sont pas dénués de conséquences physiques et psychologiques (troubles sexuels, urinaires, digestifs). Les problèmes posés par tous ces actes diagnostiques et thérapeutiques sont donc statistiquement supérieurs aux bénéfices attendus.
C'est pourquoi la HAS insiste sur l'importance de l'information à apporter aux hommes envisageant la réalisation d'un dépistage individuel du cancer de la prostate, afin que chacun puisse choisir en connaissance de cause. Elle souligne aussi l'intérêt des recherches sur les marqueurs permettant de distinguer les formes agressives de ce type de tumeur de celles dont la lente évolution n'aura pas d'impact sur la vie des patients. C'est d'autant plus important qu'environ un homme de plus de 50 ans sur trois a des signes biologiques de cancer de la prostate, mais jusqu'à 80 % des tumeurs sont limitées en taille et en dangerosité. La plupart des hommes atteints décèdent donc d'une autre cause.

lepoint.fr

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