Cancer du pancréas : des cellules "cannibales" anti-métastases 2012


Le cancer du pancréas a un pronostic effroyable, puisque le taux de survie à 5 ans est de 3 à 4 % seulement. C'est d'ailleurs la pire des localisations tumorales. Et si la chirurgie reste le meilleur traitement possible pour les 15 à 20 % de patients dont la tumeur est opérable, cela n'empêche pas l'apparition fréquente de métastases malignes après l'intervention. Une fois les métastases formées, la longévité ne dépasse guère 3 à 6 mois, en moyenne. Il faut encore ajouter à ce sombre tableau le fait que la chimiothérapie et la radiothérapie ne sont que peu efficaces. D'où l'impérieuse nécessité de trouver de nouveaux moyens de lutter contre cette maladie qui touche plus de 10 000 personnes par an en France, le plus souvent après 65 ans.
 
Les travaux de l'équipe du docteur Juan Iovanna, au Centre de recherche en cancérologie de Marseille (le CRCM qui regroupe l'Inserm, Aix-Marseille Université, le CNRS et l'Institut Paoli-Calmettes), vont peut-être contribuer à mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques. Dans un article publié le 23 juillet sur le site de la revue EMBO Molecular Medicine, ces chercheurs expliquent avoir découvert un processus d'ingestion et d'élimination de cellules tumorales, qui évite la formation de métastases. Ils révèlent également le mécanisme et les molécules impliquées, ce qui permettra de moduler leur activité avec des composés pharmaceutiques.

"Cellules dans la cellule"

Dans leur communiqué, les spécialistes expliquent que les cellules de cancer du pancréas (plus exactement celles des carcinomes pancréatiques, car il existe un autre type de tumeur plus rare) présentent des particularités morphologiques : elles contiennent en particulier de grandes vacuoles, des cavités qui renferment d'autres cellules. "Ces structures de cellules dans la cellule sont dues au cannibalisme par les cellules cancéreuses (les cellules hôtes) d'autres cellules cancéreuses (les cellules cibles)", précisent-ils. "Ce phénomène pourrait jouer un rôle dans la prolifération des tumeurs en nourrissant les cellules cancéreuses aux dépens des cellules cannibalisées ou, au contraire, agir contre la propagation tumorale, quand d'autres cellules cancéreuses sont cannibalisées et détruites dans la cellule hôte."
Pour en savoir plus, l'équipe de Juan Iovanna a examiné la structure des cellules cancéreuses prélevées chez 36 patients souffrant d'un cancer du pancréas. Et elle a observé une corrélation inverse entre la présence de cellules dans la cellule et le développement de métastases. Ce qui suggère un effet "suppresseur de métastases" du cannibalisme cellulaire. Les chercheurs ont aussi démontré qu'il ne s'agissait pas d'une "réserve" destinée à nourrir la cellule tumorale. Pour preuve, quand les chercheurs l'affament, en supprimant tout nutriment dans son milieu de culture, le cannibalisme n'augmente pas. Enfin, les cellules ingérées étant mortes à l'intérieur des cellules hôtes, il s'agit bien d'un processus qui réduit le nombre de cellules cancéreuses.
L'analyse très fine des mécanismes impliqués dans la formation de ces structures a permis de découvrir que cet effet était lié à l'inactivation d'une protéine appelée Nupr1, déjà connue des chercheurs et associée au développement de métastases. "La protéine Nupr1 modifie le profil des gènes activés dans les cellules cancéreuses", selon l'équipe de Juan Iovanna. "Les gènes impliqués dans la migration cellulaire et la formation de métastases sont inactivés, alors que les gènes nécessaires à l'ingestion d'autres cellules sont activés." Reste maintenant à mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblées capables de combattre efficacement ce cancer.


sources: www.lepoint.f

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